Resilience alimentaire

De Jayce - les écocitoyens
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Cette page expose une liste d'arguments qui expliquent la résilience alimentaire et des solution pour y contribuer. Les liens utiles et les sources sont :

Résumé

Notre système alimentaire nous offre une alimentation abondante et variée mais ne peut exister que grâce au pétrole et à des ressources non renouvelables. Est-ce que ce système pourra s'adapter à l'épuisement des ressources, au changement climatique et aux changements sociaux qui en découleront ?

Résilience alimentaire et agriculture industrielle, définitions

Définition de résilience : Capacité d'un écosystème, d'un biotope ou d'un groupe d'individus (population, espèce) à se rétablir après une perturbation extérieure (incendie, tempête, défrichement, etc.).

Sécurité alimentaire : (accès, disponibilité, qualité, stabilité) La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, la possibilité physique, sociale et économique de se procurer une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins et préférences alimentaires pour mener une vie saine et active.

Agriculture industrielle : l'agriculture basée sur les énergies fossiles

Système alimentaire : notre système actuel de distribution de nourriture basé sur l'agriculture industrielle, les transports permanents sur de grandes distances, la mise à disposition dans de nombreux points de vente

Les bons cotés de la vie actuelle

On consomme ce qu'on veut quand on veut :

  • tout est disponible tout le temps, partout
  • plantes exogènes : sucre, café et chocolat des régions tropicales, fruits exotiques africains ou sud-américains, riz asiatique
  • plantes hors-saison, par exemple les tomates françaises de supermarché poussent hors-sol en Bretagne, dans des serres chauffées, les kiwis de Nouvelle-Zélande, jus de fruits

On peut se nourrir pour peu d'argent, 20% en 2014 contre 35% en 1960, 66% en 1850 (il y a deux siècles l'alimentation vous coûtait les deux tiers de ce que vous gagniez en mangeant 5 fois moins de viande qu'aujourd'hui - Jancovici)

Résilience aux catastrophes naturelles locales : les voisins auront ce qu'on n'a pas, ce qui évite les famines et les guerres

Grâce à ce système, on peut faire autre chose que récolter des patates. 0.8% de la population dans les champs (5.5% de la population ayant un emploi lié à l'agriculture ou l'alimentation en 2017 contre 12% en 1980). Par conséquent, le niveau d'éducation est très élevé, beaucoup de personnes ont un emploi dans le tertiaire.

Le cas français

D'où vient notre nourriture ?

  • 2% de la nourriture consommée dans le 06 y est produite. Pourquoi ?
    • parce que les terrains sont chers ou montagneux et peu adaptés à l'agriculture industrielle (63 ha moyens par exploitation en France en 2016, pas facile à caser ici)
    • parce qu'on peut faire facilement tout venir d'ailleurs, c'est d'ailleurs une forme de résilience tant que les transports le permettent
  • 80% de la nourriture consommée en France y est produite, le plus gros producteur de l'union européenne avec presque la moitié de son territoire national, un très gros exportateur de blé et de vin, mais il faut quand même importer des fruits et légumes, des animaux, des fromages et autres
    • (sucre de canne, café, cacao, bananes, ananas des régions tropicales, soja, huile de palme, avocat et cerises sud-américain, riz et thé asiatique, animaux d’Europe de l'est...)
  • un camion sur 3 en France transporte de la nourriture
  • pourquoi est-ce que les importations augmentent ?
    • ça coûte moins cher ailleurs : main d'oeuvre bon-marchée, règles sanitaires beaucoup moins restrictives et très peu de contrôles à l'import
    • les consommateurs s'orientent vers le moins cher, la plupart n'ayant pas le choix, particuliers comme restaurants
  • Les fruits et légumes représentent 1/4 du trafic total de transport d'aliments, pour 31% des émissions de GES, première catégorie, ensuite ce sont les aliments pour animaux et les produits transformés du blé

En France, 2/3 de la nourriture est végétale, 1/3 animale

La moitié de l'eau ingérée est de l'eau en bouteille.

Plus de la moitié des boissons consommées (eau, sodas, vin, bière...) sont embouteillées, 15 Mt (Mega-tonne, million de tonne) par an, imaginez le transport.

+ 2.3 Mt de lait et 1 Mt de jus de fruits

En 2008 : 30% de la nourriture consommée provient des céréales, 20% des produits laitiers, et environ 10% de viande, fruits et légumes

La consommation de viande et de lait mobilise plus de 80% de la surface agricole 40% de la surface agricole sert aux exportations, et on importe un équivalent de 30%

Importations françaises :

  • Fruits et légumes (oranges et bananes 100% (autant que les pommes en quantité), raisin 75%, tomates, concombre, pèche 50%, melon et poire 40%) d’Espagne, d’Italie et du Maroc en majorité
  • Viandes, principalement de Belgique, Hollande et Pologne (20% de la viande bovine et 30 à 40% du porc et de la volaille consommés sont importés)
  • Fromages, beurre
  • Poisson
  • 4.5 Mt de tourteaux, 0.78 Mt d'huiles, 1.25 Mt de viande de boucherie

Exportations françaises :

  • La France exporte la moitié des céréales produites (blé, orge, maïs) et le tiers du lait

Exemple débile : 9000 km de transport pour un yaourt à la fraise (1995, note 62)

Les mauvais cotés et les risques

Est-ce que notre système est résilient ? Pour y répondre, voyons maintenant les limitations.

Le système est vulnérable de plusieurs cotés et n'est pas durable : dépendance aux énergies fossiles, le stress du secteur agricole, problèmes environnementaux (changement climatique et érosion des sols)

Secteur agricole en stress

on ne peut pas compter sur les producteurs industriels en cas de crise, les agriculteurs sont les plus pauvres et dépendent des aides

la distribution des terres actuellement empire : les cessions se retrouvent chez les voisins qui agrandissent encore leur surface, les nouveaux agriculteurs ne peuvent pas acheter l'exploitation avec tous ses outils onéreux on se retrouve avec 84% de grandes exploitations > 50ha en 2010 contre 55% en 1988

8300m² de surface agricole/hab en 1930 à 4400m²/hab en 2017, et on consomme environ 4000.

dépendance extrême aux entreprises de l'agro-industrie, aux banques et à la grande distribution dont la logique d'accroissement économie diverge notoirement des intérêts des agriculteurs ou du reste de la société

beaucoup d'agriculteurs sont favorables à une transformation profonde du système agro-industriel

Dépendance aux énergies fossiles

L'agriculture industrielle est basée sur l'omniprésence des énergies fossiles. Au lieu de subir l'environnement, on le transforme avec cette nouvelle source d'énergie abondante. Les années 60 marquent la fin de l'utilisation d'animaux de trait en France.

Agrochimie : la chimie du gaz fournit les engrais azotés, les mines de phosphore et potassium fournissent les autres engrais et sur le pétrole mine, achemine tout ça et crée les produits phytosanitaires 1/4 de l'azote ajouté est perdu, seulement 2% des grandes cultures en 2018 intégraient des fabacées moins de 1 pour mille des molécules de pesticides atteignent leur cible (échelle mondiale)

Culture permanente : une énergie abondante permet de cultiver des plantes hors-saison, en serre chauffée. C'est surtout le gaz qui permet ça, sinon le pétrole permet de transporter les plantes en-saison qui viennent d'ailleurs.

Machines : Les agriculteurs autrefois paysans sont devenus conducteurs de machines qui s'occupent de dizaines d'hectares de cultures. Le pétrole permet de les exploiter, le charbon de les construire.

Transports : Dans un pays, la nourriture est transportée d'un bout à l'autre, pour être transformée et vendue. Entre les pays, les transports permettent aux pays qui ne sont pas autonomes en nourriture de survivre (à quel prix?), et les autres importent quand même des aliments exotiques

30000 camions parcourent la France chaque jour pour approvisionner les centres de transformation et de vente de nourriture

Sans transport, en un jour on voit apparaître une pénurie alimentaire

Ce confort nous tue à petit feu malheureusement à cause de la pollution liée à l'exploitation des énergies fossiles et le changement climatique.

à partir de maintenant il y aura de moins en moins de pétrole, nous avons passé le pic de production

Les machines agricoles n'utilisent que 5% du pétrole consommé en France, leur approvisionnement peut être sécurisé, mais à quel prix ? Actuellement cela représente 5% des dépenses des exploitations.

Changement climatique

Quoi qu'on fasse maintenant, on se dirige vers un monde au climat différent, défavorable à l'agriculture, où la sécurité alimentaire ne pourra pas être assurée partout.

Quoi qu'on fasse maintenant, il y aura de moins en moins de pétrole.

Et quoi qu'on fasse, ça ne changera rien aux 20 ans à venir, seulement aux années à partir de dans 20 ans, à cause de l'inertie énorme du climat. Et quoi qu'on fasse, on ne retrouvera jamais le climat d'il y a un siècle.

Quand on arrivera à un point où ça ne sera plus supportable, la seule certitude qu'on aura est que ce sera pire (Jancovici)

L'alimentation représente 25% du budget CO2 d'un français

La transformation des produits utilise autant d'énergie que l'agriculture mais émet 10 fois moins de GES à cause du CH4 et N2O

Transformations les plus énergivores au niveau national : sucres, produits laitiers, produits amylacés

Transformations les plus énergivores par unité de masse : pommes de terre transformées, boissons distillées, plats préparés, sucre, cacao, confiserie, thé, café, beurre et fromage.

Gaz à effet de serre (GES) équivalents CO2 pour la production agricole: 44% pour le méthane, 34% pour le N2O, énergie (directe et intrants moitié chacun) 21%

La production agricole française correspond à 2/3 de l'empreinte carbone. Le reste : 24% pour les transports, 5.5% pour l'import d'aliments pour animaux, 4.5% pour les commerces et les restaurants, 4.5% pour la consommation à domicile

1360 km/personne.an parcourus pour les achats alimentaires et la restauration

L'impact carbone d'un repas hors domicile est 2 à 3 fois plus élevé.


A faire: Montrer les cartes de prévisions liées aux feux de forêt et aux sécheresses

L'eau devient plus rare en moyenne et les pluies deviennent plus grosses : les nappes phréatiques se vident

A faire: Parler de la baisse du rendement céréalier lié au climat (janco)

l'amélioration ou la sélection des plantes cultivées se fait sans lien avec les conditions de culture, de façon centralisée

le bon sens voudrait qu'on sélectionne les meilleures localement, mais ce n'est pas possible dans un contexte d'hybridation industrielle

Érosion des sols

Dans un espace naturel, la couche superficielle est constituée d'humus ou de terre riche en matière organique, arrimée par les racines de toutes les plantes qui y vivent. Le sol est aéré et absorbe bien l'eau.

Après transformation d'un espace naturel pour l'agriculture, s'il n'y a pas en permanence des plantes, il n'y a plus rien pour empêcher l'eau d'emmener avec elle les couches supérieures les plus riches et la couche de terre arable.

Le labour de l'agriculture industrielle détruit directement la couche superficielle, donc c'est toute la couche arable qui s'érode (effet 100 fois supérieur de l'érosion en cas de labour), tout en libérant le carbone du sol vers du C02 dans l'atmosphère.

La pluie tasse cette nouvelle couche superficielle, ce qui empêche la vie du sol de reprendre facilement et réduit l'absorption de l'eau. Il faut donc plus arroser et il y a plus de ruissellement lors des pluies.

Le vent crée beaucoup de poussière à partir des sols secs et morts, c'est aussi une érosion.


D'autres problèmes de dégradation des sols surviennent : l'acidification, la salinisation, la désertification, la pollution. Tous limitent la capacité d'un sol à être utilisé pour l'agriculture ou les pâturages.

On estime que 25% des sols cultivées et régions boisées se dégradent sur Terre. En Europe en 2006, 12% des terre sont soumises à l'érosion hydrique, 4.4% à l'érosion éolienne, et 45% des sols sont appauvris en matière organique.

400 millions d'hectares dans le monde ont été abandonnés, désertées (livre Drawdown p122)

-> agriculture régénératrice

1/4 de l'azote ajouté est perdu, seulement 2% des grandes cultures en 2018 intégraient des fabacées

moins de 1 pour mille des molécules de pesticides atteignent leur cible (échelle mondiale)

Qu'en est-il du bio à ce niveau

L'agriculture bio est finalement plus polluante en gaz à effets de serre que l'agriculture industrielle : elle n'a pas les besoins énergétiques de la création d'engrais et stocke plus de carbone dans le sol, mais a besoin de plus de surface et donc déforeste plus et produit plus de N2O et CH4 qui ont un effet de serre plus important, cela dépend des types de cultures. Pour le maïs par exemple le bio est moins polluant, pas pour le blé, l'orge, les pois, les patates ou les animaux (poulet terre x2, boeuf x3)

Meilleure conservation des sols, meilleure biodiversité (30% de plus d'espèces animales dans les fermes biologiques, mais moins de vers de terre, probablement à cause des pesticides plus toxiques), moins sensible à la sécheresse grâce à la couverture et l'humus

En cas de culture associé ou de rotation de culture, les rendements augmentent.

Mais le rendement moyen mondial est inférieur à celui de l'agriculture bio. On la compare à l'agriculture industrielle, qui est la norme dans les pays riches, mais pas sur la plupart de la planète.


Résumé sur le bio : ça ne résout pas le problème de la pollution par les gaz à effet de serre, et ça n'est pas forcément meilleur à la santé, par contre c'est meilleur pour les sols et la biodiversité, pour la résilience alimentaire et l'emploi agricole

Le futur, alternatives

On a vu que le système n'était pas forcément résilient face aux défis de demain. Est-ce que ce système pourra s'adapter à l'épuisement des ressources, au changement climatique et aux changements sociaux qui en découleront ?

Épuisement des ressources : deux problèmes principaux : grosse baisse de production et du transport longue distance.

il faut trouver des alternatives aux ressources non renouvelables : comme souvent, il s'agit de revenir à ce qui était fait avant la révolution industrielle : animaux de trait, cultures variées, valorisation des déchets organiques

La diminution des transports signifie que que toutes les régions devront produire leur nourriture variée, et donc que la vie paysanne va redevenir à la mode, à un moment ou les emplois dans les services commenceront à disparaitre

  • tout ce que nous faisons repose sur des machines et donc une grande quantité d'énergie (alimentation, textiles, transports, construction, industrie, services, médecine, armée, ...)

Si les zones d'élevage sont rapprochées des cultures, cela recycle mieux les minéraux et engrais biologiques

Changement climatique : migrer les cultures vers le nord ne suffira pas, ce n'est pas qu'une question de température. Il faut des forêts, des réserves d'eau importantes, des polycultures...

Il faut s'attendre à perdre les cultures régulièrement à cause de la sécheresse ou des inondations, donc produire plus que nécessaire ou la population finira bien par se réduire naturellement

Les variétés de plantes cultivées devront être sélectionnées pour leur capacité à survivre plus que celle à produire en grande quantité ou à rapporter le plus d'argent.

idée : utilisation des eaux usées pour irriguer

Changements sociaux : La diminution des transports signifie que que toutes les pays ou régions devront produire une grande partie de leur nourriture, si possible variée et donc pas que pour l'export, et donc que la vie paysanne va redevenir à la mode, à un moment ou les emplois dans les services commenceront à disparaître

Quand les machines ne peuvent pas s'occuper de la production alimentaire ou industrielle pour nous, comme avant 1870, il faut beaucoup de monde dans les champs. Les longues études et l'oisiveté sont un luxe.

La France a probablement les moyens d'assurer sa production, ce n'est pas le cas d'autres pays, qui ont un climat défavorable et qui le sera de plus en plus

en 2019, 14% de l'emploi agricole est bio, pour 7.5% des terres


C'est là tout l'enjeu de la transition écologique, ou la reconstruction écologique plutôt. La nourriture est un besoin de base, et la produire d'une façon différente va nécessiter des changements à tous les niveaux de la société et dans les modes de vie de chacun.